Évaluations formatives: réponses aux questions les plus fréquentes

Les examens doivent être remplacés par des évaluations formatives. Organiser des examens sans prendre la mesure de la situation provoquerait l’échec de nombreux.ses étudiant.e.s et aggraverait les inégalités sociales. Une proposition ambitieuse comme celle-ci appelle de nombreuses questions. Ci-dessous, vous trouverez les réponses aux 10 questions les plus fréquemment posées. Et n'hésite pas à signer notre pétition en cliquant ici.

1. #BaisseDuNiveau “Avoir des évaluations formatives ne risque-t-il pas de faire baisser la qualité de l’enseignement et diplôme, voire risquerait de pousser les étudiant.e.s à sous-estimer les apprentissages ?”

La ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny persiste pour maintenir la session sans prendre la mesure de la situation. À ses yeux, ne pas faire d’évaluation certificative reviendrait à “une annulation des examens, une année perdue ou une dévalorisation du diplôme”. 

Se borner à organiser des examens certificatifs revient à nier la situation hors du commun vécue par les étudiant.e.s en ce moment. Mais c’est également un non sens pédagogique d’organiser un examen à propos d’apprentissages qui n’ont pas pu avoir lieu dans de bonnes conditions. Ce sont en particulier les étudiant.e.s qui n’ont pas la chance de bénéficier d’un endroit calme pour étudier chez eux.elles qui seront pénalisé.e.s. C’est le cas pour 1 étudiant.e sur 4 en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Une évaluation formative n’est cependant pas une annulation pure et simple des examens. Chaque étudiant.e obtiendrait minimum 10/20, mais l’objectif reste bel et bien d’évaluer les étudiant.e.s, afin de pouvoir organiser des remédiations cet été et le quadrimestre prochain, ainsi que de réorganiser le cursus l’année prochaine. De cette manière, nous évitons un échec massif des étudiant.e.s tout en assurant la qualité de l’enseignement en permettant à chaque étudiant.e de réellement assimiler la matière.

2. #AnnéeDiplômante “Que proposez-vous pour les années diplômantes ?”

Il est évident que l’objectif doit être de permettre aux étudiant.e.s d’obtenir leur diplôme le plus vite possible. Des examens certificatifs doivent donc avoir lieu, mais Comac demande que le jury tienne compte de la situation exceptionnelle et qu’il soit possible pour les étudiant.e.s de passer leur examen et de remettre leur mémoire jusqu’au 30 janvier 2021 s'ils.elles en font la demande. L’arrêté adopté par la Fédération Wallonie-Bruxelles ouvre cette possibilité pour compléter les stages ou les évaluations des années diplômantes qui n’auraient pas pu avoir lieu. Des remédiations doivent également être organisées pour les étudiant.e.s qui en ont besoin.

3. #ExamensDéjàAdaptés “La ministre et les établissements n’ont-ils pas déjà adapté les examens à la situation avec les cours et les examens en ligne ?”

Plusieurs mesures ont en effet été prises par la ministre : ea la possibilité d’abaisser un parcours d'apprentissage sous le plancher des 55 crédits, informer les étudiant.e.s pour le 27 avril des modalités et de la matière d’examen, la possibilité pour l’enseignant.e de modifier la matière qui fait l'objet d'une évaluation, l’obligation à intégrer au moins une semaine entre la fin des activités d'apprentissage et le début de la période (semaine blanche) et enfin la demande aux jurys de tenir compte de la situation lors de l’évaluation.

C’est cependant trop vague et trop faible au vu de la situation de crise. Une semaine blanche est par exemple totalement insuffisante pour rattrapper tout un quadrimestre. Ne nous répète-t-on d’ailleurs pas que seul un travail régulier conduit à la réussite ? 

D’autre part, même ces conditions minimales de la ministre ne sont pas respectées selon une enquête de la FEF. Le 27 avril, 70% des étudiant.e.s n’avaient pas encore reçu la modalité et la matière de l’examen. 80% des étudiant.e.s ayant reçu ces informations devaient constater que la matière n’avait pas été allégée.

4. #10/20 “Est-ce que TOUT le monde a 10/20 ?”

Non, il est évident qu’un.e étudiant.e qui obtiendrait 18/20 garde sa note.

10/20 est simplement le MINIMUM. Cela signifie que la note des étudiant.e.s qui n’obtiennent pas 10/20 est remontée à 10/20, mais tout en leur signifiant la note qu’ils auraient réellement dû obtenir. De cette manière, chaque étudiant.e est conscient du retard éventuel à rattrapper. 

C’est pour cette raison que nous souhaitons aussi que des remédiations soient organisées cet été et le quadrimestre prochain. Chaque étudiant.e doit pouvoir bénéficier d’un encadrement suffisant pour rattrapper son retard et pouvoir suivre l’année prochaine.

5. #ReportEchecs “Si on fait passer tout le monde maintenant, est-ce qu’on ne fait pas que reporter les échecs qui auraient dû avoir lieu cette session ?”

Nous ne sommes pas en faveur d’une annulation pure et simple des examens, mais pour remplacer les examens par des évaluations formatives. Chaque étudiant.e aurait minimum 10/20 mais l’objectif de cette évaluation est précisément de pouvoir évaluer où en est chaque étudiant.e pour ensuite organiser des remédiations cet été et le prochain quadrimestre. Chaque étudiant.e peut ainsi rattrapper un éventuel retard.

6. #NonConformeLoi “Ce n’est pas conforme à la loi. Seule la ministre Glatigny peut prendre une décision en ce sens via un arrêté.”

C’est précisément pourquoi nous demandons à la ministre de prendre une décision en ce sens. Les examens doivent se faire sur un mode formatif et pas certificatif. Cela permet à la fois de préserver l’exigence académique, d’éviter une immense vague d’échecs, de cibler les connaissances et d’organiser des remédiations cet été et le quadrimestre prochain.

7. #NonConformeFédéralEurope “Faire des évaluations formatives pour tous les examens est non-conforme à la loi pour certaines études qui sont réglementées par le fédéral ou au niveau européen.”

La crise du coronavirus a un impact important sur les stages des étudiant.e.s. La plupart ont dû l’arrêter. Deux catégories d’étudiant.e.s sont concernés par cet arrêt : les étudiant.e.s qui doivent prester un nombre défini et obligatoire d’heures pour obtenir leur diplôme, notamment au niveau européen (comme les infirmier.ère.s ou les sages femmes) ou fédéral (le paramédical, avec les ergothérapeutes ou les psys), et ceux.celles pour qui leur établissement considère qu’ils.elles doivent reprendre leur stage.

Nous demandons à la ministre Glatigny de plaider auprès de ses collègues européens pour se montrer flexible en réorganisant les stages uniquement s'ils sont réellement indispensables et d’octroyer une note administrative pour les autres.

8. #LibertéAcadémique “Cela fait partie de la liberté académique de l’établissement et des enseignant.e.s d’organiser les examens et leurs modalités.”

Au début de la crise du coronavirus, les pouvoirs spéciaux ont été accordés au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La ministre a donc eu carte blanche pour appliquer toutes décisions, ce qu’elle a fait en concertation avec les acteur.trice.s de l’Enseignement supérieur : la transition vers les cours en ligne, le prolongement de l’année académique jusqu’au 10 juillet, débloquer plus de 2 millions € d’aides aux étudiant.e.s précaires… et le maintien de la session d’examen sous forme certificative.

Il s’agit bien d’abord de la décision de la ministre de donner une orientation ou une direction aux décisions prises dans l’Enseignement supérieur. La liberté académique ne vient qu’en deuxième temps, dans le cadre instauré par la ministre. Il est donc tout à fait possible de revenir sur cette décision qui nous mène au désastre académique en transformant les examens en évaluations formatives. D’ailleurs, sur base de l’orientation de la ministre, certain.e.s enseignant.e.s ont apporté des moyens d’évaluations innovants (basés sur la formatif) mais ont été recalé.e.s dans certains établissements. C’est la preuve que la liberté académique est avant tout encadrée par les décisions ministérielles.

9. #JobÉté “Avoir des remédiations pendant l’été, c’est compliqué pour qui doit travailler…”

Nous recevons de très nombreux témoignages d’étudiant.e.s qui ont perdu leur revenu à cause de la crise et se retrouvent dans une situation de détresse financière inacceptable. Aucun.e étudiant.e ne peut être pénalisé.e par cette crise, aucun.e étudiant.e ne devrait avoir à mettre fin à ses études à cause de la crise Corona. C’est pourquoi Comac a également lancé une campagne afin de garantir le revenu des étudiant.e.s jobistes impacté.e.s par la crise du Corona (ici).

Un fond de 2.285.000€ a été débloqué pour aider les étudiant.e.s financièrement. Nous soutenons cette démarche mais nous plaidons pour que ce fond soit augmenté. Il y a en effet 140.000 étudiant.e.s jobistes en Fédération Wallonie-Bruxelles, dont la moitié d’entre eux.elles travaillent pour pouvoir payer leurs études. Le fond débloqué représente à peine 16€ par étudiant.e jobiste. Nous demandons également à la ministre de faire plus que “d’inviter les étudiant.e.s à contacter les services sociaux de leurs établissements” et d’informer proactivement l’ensemble des étudiant.e.s sur l’existence de ces aides et les démarches à effectuer.

10. #ProtectionDeLaViePrivée “Les logiciels et mesures anti-triches sont illégales et ne respectent pas la vie privée.”

La situation des étudiant.e.s est déjà extrêmement anxiogène et exceptionnelle. Les enseignant.e.s et établissements doivent leur donner le meilleur cadre de travail pour les examens. Leur imposer des logiciels anti-triche prenant le contrôle de leur ordinateur, ou être soumis à la surveillance, à leur domicile, des enseignant.e.s qui peuvent leur téléphoner et leur demander à tout moment de l’évaluation de filmer autour d’eux pour “vérifier qu’ils ne trichent pas”, c’est une atteinte grave à la vie privée et rajoute un stress supplémentaire important.

 

Signe notre pétition pour remplacer les examens par des évaluations formatives en cliquant ici.

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