Chaque année, lors du 8 mars, les femmes du monde entier sortent en rue pour revendiquer leur droit à l’égalité. Cette date historique du mouvement ouvrier porte comme symbole la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes et rassemble encore aujourd’hui par millions le mouvement féministe. Violences sexuelles, sexisme ordinaire, inégalités salariales, pensions de misère, services publics sous-financés, précarité menstruelle,... Ce 8 mars 2022, il y a encore tant de raisons de se mobiliser pour les droits des femmes. Comac appelle à la grève ce mardi, dans tous les campus étudiants du pays, avec un message clair : “Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête” !
Ce 8 mars, nous suivrons Manon Vidal, étudiante à l’ULB et initiatrice des manifestations #BalanceTonBar au Cimetière d’Ixelles. Elle nous emmènera dans son quotidien de leadeuse du mouvement. À la veille de la plus grande date de l’agenda féministe, elle nous livre son témoignage.
Ça sort d’où ce 8 mars ?
Revenons quelque temps en arrière. En effet, le mouvement de lutte pour les droits des femmes est une histoire aussi longue que riche. Lorsque nous irons manifester ce mardi, nous reposerons sur des siècles de femmes qui se sont levées avant nous pour l’égalité des genres. Parmi elles, se trouve la communiste allemande Clara Zetkin, initiatrice de la Journée Internationale des Femmes. L’an passé, nous fêtions d’ailleurs les 100 ans du 8 mars. En effet, c’est en juin 1921, lors de la Deuxième Conférence Internationale des Femmes communistes à Moscou, que la date du 8 mars est officiellement fixée.
Lire davantage sur l’origine historique du 8 mars ? Par ici !
“Mais Manon, l’égalité, elle est déjà atteinte non ?”
“On aimerait dire que oui… mais non. L’égalité des gens en 2022, c’est toujours pas ça. Et l’actualité nous l’a bien rappelé. Ça n’est pas pour rien que 4 femmes sur 5 sont victimes de harcèlement sexuel au cours de leur vie. Ça n’est pas pour rien que des profs se permettent d’agresser sexuellement leurs élèves ou leurs assistantes. Tout ça arrive encore aujourd’hui parce que même si les mentalités évoluent, il y a toujours de cruelles inégalités entre les hommes et les femmes, qui ensemble forment un système qui légitimise ce genre de crime. Rappelons aussi qu’encore maintenant, les femmes gagnent 22,7% de moins que les hommes. Moi je n’appelle pas ça l’égalité. Ou encore, rappelons que 43% des femmes travaillent à temps partiel parce qu’elles doivent s’occuper des enfants et assumer toute une série de tâches domestiques supplémentaires. Et ça, ça a pour conséquence que les femmes se retrouvent avec une pension moyenne de 1077€ brut par mois. En Belgique quoi. L’un des pays les plus riches du monde. Qui peut vivre aujourd’hui avec ça alors que le prix de l’essence est à plus de 2€ de litre franchement ? Dans le système capitaliste d’aujourd’hui, les femmes de la classe travailleuse sont les grandes perdantes et je ne suis pas d’accord avec ça. Je pense que ça peut et que ça doit changer. Pareil pour toute l’idéologique patriarcale qui fait qu’on se retrouve avec des dizaines de témoignages comme ceux de #BalanceTonBar.”, a expliqué Manon Vidal.
En grève sur les campus !
Ce 8 mars 2022, le Collecti.e.f 8 maars (aka la plus grande plateforme féministe du pays) appelle à une grève nationale des femmes et des minorités de genre. “Après les grèves massives en Espagne, en Suisse, en Amérique latine, et trois années de grève en Belgique, nous appelons les femmes à s’arrêter le 8 mars, à faire grève, à renoncer aux tâches domestiques, au travail rémunéré ou aux cours et à ne pas consommer. Par cette action, on veut souligner le rôle important que joue le travail des femmes dans le fonctionnement de la société. Parce que lorsque les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête.” Nous répondons à cet appel ainsi qu’à celui de la FEF et organisons, avec d’autres organisations, des grèves étudiantes dans tout le pays !
Pourquoi faire grève en tant qu’étudiant.e ? On a posé la question à Manon Vidal, organisatrice de la grève étudiante ce 8 mars à l’ULB : “Avec les cas de violences sexuelles et de drogue au Cimetière d’Ixelles en octobre, suivi des affaires d’agressions de profs sur étudiant.e.s ici en février, on a clairement vu la nécessité d’un mouvement étudiant féministe combatif ! Moi je ferai grève ce 8 mars parce que j’en ai marre de tout ça, d’avoir peur, marre des beaux discours, et que je veux visibiliser le sujet des violences sexuelles. Je veux qu’on brise cette culture du silence. Et je pense que faire grève mardi est l’une des meilleures manières pour ça ainsi que pour rassembler les étudiant.e.s dans la rue. Y’a qu’ensemble qu’on va faire changer les choses. Et puis la grève, c’est un moyen d’action qui a fait ses preuves depuis longtemps. Si on vide les amphis, ce sera difficile de ne pas nous écouter. On a vraiment besoin d’actes maintenant.”
“Victime, on te croit” : Une grande campagne contre les violences sexuelles.
D'abord à la VUB, puis à l'UGent, ensuite à la KUL, à Anvers et enfin à l’UCL. En janvier et février, plusieurs faits d’agressions et de comportements abusifs de professeurs ou de maîtres de conférence à l'encontre d'étudiantes, de doctorantes et d'assistantes, ont été signalés dans nos établissements d'enseignement supérieur. Beaucoup trop de plaintes restent sans réponse. Et lorsque des procédures disciplinaires sont mises en place, elles prennent bien trop de temps et les victimes se retrouvent réduites au silence.
Des centaines d'étudiant.e.s se sont mobilisés dans tout le pays ce 15 février pour que des actions soient prises contre les violences faites aux femmes. En novembre de l'année dernière, 2000 étudiant.e.s au Cimetière d’Ixelles (Bruxelles) et 400 à Gand sont descendu.e.s dans la rue pour protester contre les violences sexuelles commises par des barmen dans des bars étudiants. C’était le début de #BalanceTonBar. Il est clair que les étudiant.e.s ne tolèrent plus cela. Et c'est parfaitement normal : chaque étudiant.e devrait se sentir en sécurité pendant ses études. Pouvoir s'épanouir et profiter de sa vie étudiante sans être harcelé.e ou vivre dans la peur constante. Cela vaut lors des soirées, des évènements, des stages ainsi que sur le campus.
“Les campus des hautes-écoles et des universités doivent être des lieux où l'abus de pouvoir et les agressions sexuelles n'ont pas leur place. On doit croire les victimes et mettre fin à l’impunité en faisant en sorte que les coupables soient sanctionnés. C’est pour ça qu’on exige que chaque établissement d’enseignement supérieur dispose d'un dispositif de signalement des agressions, externe et indépendant ; d'une cellule de prise en charge des victimes ; ainsi d'une campagne de prévention contre la violence sexuelle et le sexisme. On ne peut pas tolérer qu’il y a une victime de plus. Ça suffit tout ça. Il faut vraiment que la ministre Valérie Glatigny, de l’éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles, prenne des mesures à ce sujet de toute urgence !”, explique Manon Vidal.
La ministre Glatigny doit prendre ses responsabilités : signe notre pétition ici et n’hésite pas à la partager autour de toi !
Le 8 mars : en grève et tou.te.s en rue !
Comac appelle à une mobilisation massive lors des grèves sur les campus ce mardi. Si tu souhaites te joindre à la lutte pour l’égalité, tu peux rejoindre les actions locales répertoriées ci-dessous. Femmes, hommes, minorités de genre, il n’y a ensemble que nous pourrons vaincre les inégalités et les violences sexuelles. Brisons le silence. Mettons fin à l’impunité. Ce 8 mars, faisons unité et ensemble, crions haut et fort : “Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête !”.
Envie de rejoindre une action ce 8 mars ?
Montrer 1 réaction