Le gouvernement Arizona affirme qu'il met en œuvre ses plans antisociaux au nom de notre avenir. Mais la société proposée par De Wever et compagnie n'est pas l'avenir que nous voulons.
Ecrit par Octave Daube, vice-président de Comac.
Le Premier ministre Bart De Wever et son gouvernement Arizona veulent économiser 23 milliards d'euros. Soit-disant parce qu'il n'y a pas d'autre choix, si nous voulons laisser aux jeunes un avenir prometteur.
C'est un mensonge. Le modèle de société qui nous est imposé par De Wever et compagnie est un modèle où l'on travaille plus longtemps pour moins de pension, où il y a des citoyens de première et de seconde catégorie, et où le risque de guerre est plus important. Voici trois choses que tous les jeunes doivent savoir sur le gouvernement Arizona.
1. Ils vont nous faire travailler plus longtemps pour moins de pension
L'Arizona veut nous faire travailler plus longtemps pour une pension moindre. Ils veulent pénaliser les personnes qui prennent une pension anticipée avec un « malus pension ». Pour chaque année où l’on arrête de travailler avant l'âge de 67 ans, on perd jusqu'à 5 % de sa pension. Peu importe qu’on se soit tué au travail ou qu’on exerce un métier pénible : on peut perdre jusqu'à 404 € par mois. Et ce, alors que nos pensions sont déjà inférieures de 415 € en moyenne par rapport à celles des pays voisins. Nous contribuons à la société tout au long de notre vie, mais ceux qui ne le font pas assez longtemps sont punis.
Les jeunes seront touchés de plein fouet par cette mesure, car pour nous, il n'y aura plus de mesure transitoire. Et faire travailler nos parents plus longtemps ne libère pas d'emplois de qualité pour nous. Les personnes plus âgées doivent travailler comme des forcenées alors que nous ne trouvons pas d'emploi stable. Enfin, nous devrons soutenir financièrement nos parents, qui auront de maigres pensions. Aujourd'hui déjà, de nombreux travailleurs mettent de côté des centaines d'euros par mois pour financer la maison de repos de leurs parents.
2. Ils créent des citoyens de première et de seconde catégorie et divisent pour mieux régner
L'Arizona s'attaque aux droits des réfugiés et des primo-arrivants, et crée ainsi des citoyens de première et de seconde catégorie. Ils essaient ainsi de monter les membres de la population les uns contre les autres, afin que nous ne nous préoccupions pas des plans d'austérité antisociaux.
Les réfugiés reconnus recevront une prime d'intégration inférieure à l'aide sociale dont bénéficient d’autres personnes, ce qui constitue une violation de la Convention de Genève. Ils accorderont également davantage de statuts temporaires, privant ces primo-arrivants d'aide sociale pendant les cinq premières années de leur séjour. Au lieu de favoriser l'intégration, cela aura pour effet d’augmenter la précarité.
En outre, l'Arizona va supprimer 4 000 places d’accueil locales pour les réfugiés reconnus. Résultat : il y aura encore plus de gens à la rue, en plus des milliers qui dorment déjà dans le froid. Parallèlement, l’Arizona ne dit pas un mot sur les causes de la migration : guerre, pauvreté, changement climatique...
Cette déshumanisation constitue un dangereux précédent. Aujourd'hui, on parle des primo-arrivants et des réfugiés, mais qu'est-ce qui empêchera le gouvernement de supprimer les droits d'un autre groupe de population ? L'Arizona nous fait entrer dans une société dure et déshumanisée où les gens sont montés les uns contre les autres et où nos droits sociaux sont de plus en plus remis en question.
3. Ils nous entraînent dans une logique de guerre et rendent le monde plus dangereux
Il n'y a soi-disant pas d'argent pour le climat, pour nos pensions ou pour les soins de santé. Mais pour des investissements supplémentaires dans la Défense et de nouveaux avions de combat, l'argent tombe du ciel. L'Union européenne libère 800 milliards d'euros pour l'armement, la Belgique 17 milliards. Soudain, des exceptions peuvent même être faites pour que cet argent ne soit pas inscrit au budget.
Comme toujours, l'argent sera prélevé sur notre sécurité sociale, nos soins de santé et nos services publics. L'industrie de l'armement sera la seule à en bénéficier. Le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), veut acheter à tout prix de nouveaux avions de combat F-35 à la multinationale étasunienne Lockheed Martin. Le cours des actions des plus grandes entreprises d'armement européennes grimpe en flèche.
Pourtant, ensemble, les États européens membres de l'OTAN dépensent déjà deux à trois fois plus pour la Défense que la Russie. Quand les dépenses militaires seront-elles suffisantes ? En quoi le fait de dépenser cinq, huit ou dix fois plus nous mettra plus en sécurité ? L'Arizona n'a pas de réponse à cette question.
Pour nous préparer à la guerre, l'Arizona veut encourager tous les jeunes de 18 ans à effectuer un service militaire volontaire. Ils proposent une rémunération de 2 000 € par mois pendant un an. Les jeunes qui n'ont pas les moyens de faire des études, ne trouvent pas d'emploi stable ou bien rémunéré, ou ont des difficultés financières, seront les premiers à s'inscrire. Pas par conviction, mais par nécessité. Au lieu d'investir dans une éducation accessible, dans la formation ou de favoriser un accompagnement vers un emploi décent, l'Arizona veut convaincre les jeunes de se sacrifier pour la logique de la guerre.
L’avenir est à nous
Le gouvernement ment lorsqu'il affirme agir au nom de notre avenir. Nous n'avons aucun intérêt à travailler plus longtemps pour moins de pension. Nous n'avons aucun intérêt à monter les gens les uns contre les autres : primo-arrivants contre Belges, jeunes contre vieux, travailleurs contre pensionnés. Nous n'avons aucun intérêt à ce qu’il y ait une guerre.
Le gouvernement ment lorsqu'il affirme qu'il n'y a pas d'alternative. Il y en a une. Il faut aller chercher l'argent là où il se trouve, en imposant une véritable taxe des millionnaires aux super-riches. C'est déjà une façon d'investir dans nos pensions, le climat ou les soins de santé.
Voilà pourquoi Comac a soutenu la grève du 31 mars. Les syndicats, soutenus par l'ensemble de la société civile et du mouvement social, continueront de descendre dans la rue pour défendre notre avenir. Il n’est pas trop tard : les projets de l'Arizona doivent encore être votés au Parlement. Nous pouvons mettre fin à ce modèle de société déshumanisée. Ensemble, nous ferons plier ce gouvernement.