Back to the Climate : après les inondations, il est temps pour une politique climatique ambitieuse

Deux ans après les manifestations pour le climat et à la veille du sommet international sur le climat à Glasgow, des dizaines de milliers de personnes descendront à nouveau dans les rues de Bruxelles le 10 octobre. Le climat est en bien mauvais état. La logique du marché et le morcellement des compétences dans notre pays nous ont déjà fait perdre trop de temps. Les taxes « vertes » nous éloignent de plus en plus d'une solution. Il est plus que temps de mettre en place une politique sociale et ambitieuse.

L'été dernier, le réchauffement climatique s'est fait sentir dans le monde entier. Au sud du pays, des milliers de personnes ont perdu leurs biens lors des inondations de juillet. L'Allemagne, l'Autriche, le Nigeria, la Chine et la Russie ont vécu des situations similaires. Pendant ce temps, d'autres parties du monde, comme la Turquie, la Grèce, l’Italie et la Californie étaient en proie aux feux de forêt et aux vagues de chaleur. Même au Canada et en Sibérie, le climat a atteint des records de chaleur, provoquant des incendies de forêts gigantesques.

Les gens de la classe travailleuse sont les plus gravement touchés par le changement climatique. À Verviers et à Pepinster, les personnes qui vivent dans des zones inondables et qui sont mal ou pas assurées, ont vu leurs biens emportés par les eaux. Elles sont maintenant abandonnées par les responsables politiques, mais se voient tout de même présenter la facture. Ce ne sont pourtant pas elles qui sont à l'origine du réchauffement de la planète. En Belgique, cinq multinationales ont généré presqu'autant d'émissions de CO2 que tous les ménages belges réunis.

Nous devons réduire nos émissions à 65 % par rapport à 1990 d'ici 2030. C'est indispensable pour atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. Mais, pour cela, nous devons prendre des mesures radicales maintenant. Aujourd'hui, le gouvernement s’agenouille face aux mécanismes du marché tels que le système d'échange de quotas d'émission, les subventions aux entreprises privées ou les taxes carbone. En outre, les différents gouvernements se renvoient la balle, tandis que la facture est présentée au peuple. C'est inefficace et cela fait perdre un temps précieux.

Des normes contraignantes pour les multinationales polluantes

Aujourd'hui, 243 entreprises polluantes en Belgique sont couvertes par le système d'échange de quotas d'émission (ETS). Ensemble, elles émettent 40 % de tout le CO2 de notre pays. Dans le cadre de l'ETS, les entreprises sont soumises à un plafond d'émissions qui diminue légèrement chaque année. Ceux qui dépassent le plafond peuvent acheter des droits d'émission à ceux qui restent en dessous de ce même plafond. Depuis 2011, aucun progrès n'a été réalisé : les émissions des entreprises participant au système d'échange de quotas d'émission n'ont absolument pas diminué et restent stables.

Si nous comptons sur des mécanismes de marché comme le système d’échange de quotas d’émission, nous ne parviendrons jamais à inverser la tendance à temps. Nous devons obliger les multinationales polluantes à investir afin de rendre leur production plus respectueuse de l'environnement. Nous sortons du système ETS et nous nous attaquons réellement aux plus gros pollueurs. Cela peut se faire en leur imposant des normes d'émission contraignantes. Comme par le passé, quand des normes pour lutter contre les pluies acides et le trou dans la couche d'ozone avaient été fixées. Les normes doivent être calculées par secteur et par entreprise afin de tenir compte de leurs spécificités techniques.

Une approche collective et publique

L’Union européenne se targue de sauver le climat avec le Green Deal, un plan censé réduire les émissions de 55 % d'ici à 2030. Elle veut y parvenir en accordant des subventions à des entreprises privées qui, à leur tour, vont décider des investissements qu’elles réalisent. L’industrie européenne défend cette vision qui lui permet de rester compétitive grâce à des fonds publics.

Une réduction de 55 % d'ici 2030 est cependant largement insuffisante. Nous devons réaliser des investissements publics massifs afin de pouvoir définir et contrôler nous-mêmes les objectifs. Cela nous permettra de réduire les émissions de 65 % d’ici à 2030 et de devenir climatiquement neutres d’ici à 2050. Un tel plan doit porter sur cinq axes : l'énergie, les transports, le numérique, la santé et le logement. Pour chacun de ces axes, nous entendons mettre en place un consortium européen qui concrétisera l'investissement public. Cela créera des millions d’emplois verts, car nous aurons besoin de beaucoup d’effectifs pour réaliser la transition.

Nous devons investir massivement dans la production d’énergie solaire et éolienne et dans le stockage de l’énergie sous forme d'hydrogène. Le gouvernement peut également développer les réseaux énergétiques intelligents (ce que l'on appelle les smart grids) pour distribuer de l’énergie verte dans tout le pays. Cela doit se faire en collaboration avec les syndicats, les organisations environnementales, les citoyens et des experts. Nous faisons de même avec les transports : nous développons les chemins de fer et investissons dans les trains, les tramways, les bus, les métros et les voitures partagées.

Sur le front du numérique, nous investissons dans l’intelligence artificielle, le cloud et d’autres nouvelles technologies. Au lieu d'en laisser le contrôle à des géants de la technologie comme Facebook, Google et Amazon, nous la mettons entre les mains du public. En ce qui concerne les soins de santé, nous devons investir dans le développement, la recherche et l’innovation dans ce domaine, au lieu de l'étrangler d'économies comme on le fait actuellement. Enfin, notre marché du logement doit changer aussi. Aujourd'hui, les maisons sont de plus en plus inabordables et mal isolées. Pour les rendre abordables et efficaces sur le plan énergétique, nous investissons dans des logements sociaux modernes et dans l'isolation grâce à un système de tiers payant.

Des transports publics plus qualitatifs et gratuits

La mobilité en Belgique est à l’arrêt. Les files s’allongent, la congestion du trafic est une véritable plaie, tous ces camions et autos affectent dramatiquement la qualité de l’air, les transports en commun sont minés par des retards, des trajets annulés et des trams et trains surchargés. Le transport est responsable de près d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre dans notre pays. En investissant massivement dans un réseau de transports en commun solides et réguliers, ils peuvent devenir l’épine dorsale d’une mobilité durable.

Afin de faire des transports en commun le premier choix pour les trajets quotidiens entre domicile et lieu de travail, nous voulons instaurer la gratuité. À Dunkerque, la gratuité a entraîné un doublement de la fréquentation des transports publics et la diminution de l'utilisation de la voiture.

Aujourd'hui, il est moins cher de prendre l'avion pour se rendre de Bruxelles à Marseille que de prendre le train d'Anvers à Liège. Au lieu de verser des milliards de subventions aux compagnies aériennes qui gonflent les prix et pratiquent le dumping, nous voulons rendre les trains de nuit plus attrayants partout en Europe.

Un seul climat, un seul ministre

En Belgique, on compte quatre ministres du Climat : un fédéral, un flamand, un wallon et un bruxellois. Le réchauffement climatique, lui, ne s'arrête pas à la frontière linguistique. Des gens de tout le pays, d'Ostende à Charleroi, sont allés aider les victimes des inondations. Les ministres, par contre, à cause d'une répartition absurde des compétences, se renvoient la responsabilité de la politique climatique.

Ce sera également le cas lors du sommet des Nations unies sur le climat, qui se tiendra en Écosse en novembre. Il y a deux ans, la Belgique a choqué le monde entier lors du précédent sommet sur le climat, car ses quatre ministres y ont chacun défendu une politique différente. Les ministres du Climat s'accusent d'ores et déjà mutuellement d'être incapables de négocier. Le climat n'a pourtant pas de temps à perdre dans de telles querelles communautaires. Ce dont nous avons besoin, c'est un seul ministre du Climat avec une seule politique climatique déterminée. Ce serait bien plus efficace que les tergiversations que nous connaissons aujourd'hui.

Les taxes « vertes » nous éloignent de plus en plus d'une solution

La Vivaldi veut imposer une taxe carbone aux citoyens, mais offre un cadeau de 7,3 milliards aux grands pollueurs sous forme de droits d'émission gratuits. En Flandre, la ministre de la Mobilité Lydia Peeters (Open VLD) s'est à nouveau exprimée sur l'introduction d'une taxe kilométrique. Le gouvernement bruxellois veut faire de même dans la Région de Bruxelles-Capitale. Les donneurs de leçon et les taxes vertes antisociales ne serviront à rien. Ils ne touchent pas les vrais responsables, mais rejettent la faute sur la population. C'est antisocial, mais aussi inefficace sur le plan climatique. Si parler du climat revient à parler de taxes vertes, nous n'obtiendrons jamais l'adhésion de tout le monde.

Back To The Climate : le coup d'envoi d'une nouvelle vague climatique

Le dernier rapport du GIEC, le groupe de climatologues des Nations unies, confirme que les changements climatiques récents sont généralisés, rapides, intenses et sans précédent depuis les mille dernières années. Les vagues de chaleur, les précipitations extrêmes et les sécheresses sont plus intenses et fréquentes chaque fois que la température mondiale augmente. Mais il y a une bonne nouvelle : la direction que prend le climat est encore entièrement entre nos mains. Seule « une réduction immédiate, rapide, durable et à grande échelle » peut encore stopper le changement climatique. Le GIEC ne mâche pas ses mots : « le climat que nous connaîtrons à l'avenir dépendra des choix que nous faisons maintenant », notamment lors de la COP26.

C'est pourquoi le PTB et ses mouvements de jeunes Comac et RedFox se mobilisent pour la manifestation climatique Back To The Climate, qui devrait relancer une nouvelle vague pour le climat, deux ans après les grèves des écoliers et les mobilisations de masse de 2019. Ce mouvement climatique doit mobiliser non seulement les jeunes, mais aussi les victimes des inondations, les gilets jaunes et l'ensemble de la classe travailleuse. Comac se rendra également à Glasgow en novembre, pour mener des actions lors du sommet sur le climat (cliquez ici pour vous inscrire). Rendez-vous le 10 octobre à 13 h à Bruxelles-Nord et en novembre à Glasgow !


Save the climate, go to Glasgow ! Sommet sur le climat à Glasgow

Comac, le mouvement étudiant du PTB, partira avec plus de 200 jeunes militants pour la cause climatique au sommet sur le climat qui se tiendra en novembre à Glasgow. Les dirigeants du monde entier s'y retrouveront pour la 26e conférence des Nations unies relevant de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, mieux connue sous le nom de COP26. Ce sommet doit servir à prendre des décisions pour prévenir le dérèglement climatique mondial et faire face aux conséquences du changement climatique qui sont déjà là.

L'issue de cette COP26 est cruciale. C'est la première fois depuis les Accords de Paris (2015) que tous les pays du monde doivent soumettre à nouveau leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) à l'ONU. Pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C, les pays doivent faire beaucoup plus d'efforts.

Le voyage à Glasgow aura lieu du 3 au 7 novembre (séjour court) ou du 3 au 11 novembre (séjour long). Ils ferons passer le message : pour sauver le climat, nous devons nous attaquer aux grandes multinationales polluantes et nous avons besoin d'investissements publics massifs. Inscrivez-vous ici.

Veux-tu changer le monde ?