Dans une interview donnée au journal Le Soir ce 12 juin, la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny (MR) a réagi à notre proposition de remplacer les examens par des évaluations formatives et aux 10.000 signatures que nous avons été remettre à son cabinet. Dans sa réponse, elle préfère utiliser 4 arguments bidons au lieu de réellement mener le débat.
Pour éviter un échec massif des étudiant.e.s et assurer l’acquisition de la matière suite à ce quadrimestre corona qui a renforcé les inégalités, Comac propose de remplacer les examens par des évaluations formatives. Concrètement, chaque étudiant.e passe ses examens mais leur objectif est de pouvoir évaluer où en sont les étudiant.e.s afin de pouvoir organiser des remédiations cet été et le quadrimestre prochain, et réorganiser le cursus l’année prochaine. Cela signifie également que chaque étudiant recevrait une note minimum de 10/20 à ses examens pour la session de juin. De cette manière, nous évitons que des étudiant.e.s soient sanctionné.e.s parce qu’ils n’ont pas la chance de bénéficier d’un endroit adéquat pour étudier chez eux tout en garantissant la qualité de l’enseignement à travers des remédiations et en réorganisant le cursus l’année prochaine.
Cette proposition est soutenue par plus de 10.000 étudiant.e.s qui ont signé notre pétition. La ministre Glatigny tente de faire une caricature de notre proposition pour éviter de mener réellement le débat. Réponse à ses 4 arguments bidons.
Argument n°1 : « Nous ne sommes pas encore au bout de la session mais, même si je reste prudente, des retours que je reçois du terrain après les premiers examens, il apparaît que ce n’est pas la catastrophe annoncée. »
La ministre Glatigny nie la situation de milliers d’étudiant.e.s qui n’ont pas le matériel et l’espace nécessaires pour étudier à domicile, malgré les résultats des enquêtes réalisées par la Fédération des étudiant.e.s francophones et l’Observatoire de la vie étudiante de l’Université libre de Bruxelles auprès de milliers d’étudiant.e.s.
Ces enquêtes montrent clairement qu’1 étudiant.e sur 4 n’a pas d’endroit adéquat pour étudier, que 35% n’ont pas une connexion internet suffisante, qu’1 étudiant.e sur 5 est en décrochage scolaire et que 59% des étudiant.e.s jobistes ont perdu leur revenu… L’étude de l’ULB indique que les étudiant.e.s précaires cumulent souvent ces différents problèmes. C’est cette réalité que Glatigny ne prend absolument pas en compte.
Argument n°2 : « Je veux juste, déjà, préciser que nous avons reçu une pétition signée par 10.000 étudiants… Dix mille sur 210.0000… On est loin d’un raz-de-marée… »
Depuis le début, la FEF critique la gestion de la ministre. 8 jeunesses politiques (dont les Étudiants libéraux) et syndicales ont également critiqué son action. Les jeunesses politiques étaient unanimes pour dire que la gestion de la ministre renforce les inégalités entre étudiant.e.s et leur détresse psychologique. Dans leur lettre commune envoyée à Glatigny, les 8 jeunesses politiques et syndicales lui demandaient de prendre réellement en compte les difficultés des étudiant.e.s.
On ne compte plus les cartes blanches qui lui ont demandé, en vain, de faire quelque chose.
Le 17 avril déjà, une étude sur l’impact du coronavirus, réalisée par 123 chercheurs, expliquait : « Maintenir des sessions d’examens à visée certificative aboutirait à un déni des lacunes dans la formation et à une injustice grave : la seule chose que des évaluations permettraient de certifier, c’est l’accroissement des inégalités causé par le confinement. »
Le 9 juin, des dizaines d'enseignant.e.s, personnel scientifique, administratif ont interpellé la ministre Valérie Glatigny et les parlementaires sur la situation de l'enseignement supérieur et appellent à des réformes profondes pour sortir de la crise par le haut : « L'évaluation en ligne ne peut pas être considérée comme un succès. Pour les étudiants, les examens en ligne sont source de criantes inégalités. »
Ce 11 juin encore, 18 académiques écrivaient : « Maintenir une session d’examen certificative est peu justifiable du point de vue pédagogique et revient à une sélection sociale violente. En l’état actuel des choses, on peut affirmer que les examens, pour la session de juin comme pour celle d’août, que s’apprêtent à passer nos étudiants ne permettront pas d’évaluer les connaissances et compétences acquises lors de leur passage dans nos universités ce quadrimestre. De fait, au vu de la manière dont s’est déroulé le quadrimestre ces examens évalueront 3 éléments : le confort matériel des étudiants, leur résistance au stress et la capacité des évaluateurs à mobiliser et à s’approprier l’outil numérique pour donner cours et réaliser des examens. »
La ministre préfère visiblement rester sourde… Octave, porte-parole de Comac, l’a d’ailleurs mise au défi de lancer une pétition en soutien à sa gestion de la crise dans l’enseignement supérieur.
Argument n°3 : « Octroyer une réussite automatique, ce serait parfaitement injuste à l’égard de tous ceux qui ont travaillé et présenté leurs examens, sachant que le confinement est arrivé mi-mars au moment où l’année était déjà bien avancée. »
Injuste envers ceux qui ont travaillé? En quoi? Ceux qui obtiennent un 18/20 garderont évidemment leur note. La situation actuelle est surtout injuste pour tous ceux et celles qui n’ont pas pu suivre les cours en ligne et étudier correctement car ils ne possèdent pas un environnement adéquat chez eux, une mauvaise connexion internet, etc. Cela représente 1 étudiant.e sur 4.
Argument n°4 : « Vous vous voyez soigné par un médecin ou une infirmière qui n’aurait pas apporté la preuve de ses connaissances ? Ou votre comptabilité validée par un diplômé dans le même cas ? Quelle serait, sur le marché du travail, la valeur d’un diplôme accordé dans de telles conditions ? »
C’est une technique aussi connue que malhonnête pour éviter le débat: caricaturer notre proposition. Dans notre proposition, nous précisons qu’elle ne s’applique PAS aux années diplômantes. Pour les étudiant.e.s en dernière année, nous proposons qu’ils puissent passer leur examens et remettre leur mémoire jusqu’au 30 janvier 2021, s'ils en font la demande.
La proposition de remplacer les examens par des évaluations formatives sera bientôt discutée au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Avec Comac, nous avons lancé un site pour interpeller la Ministre Valérie Glatigny et l’ensemble des partis politiques pour leur demander de soutenir cette proposition.