La sélection renforcée par le test d’orientation de la ministre Glatigny (MR)

Le PTB et Comac s’opposent à l’instauration d’un test d’entrée, même sur base volontaire et non-contraignant, comme vient de l’annoncer la ministre de l’enseignement supérieur Valérie Glatigny. « C’est la première étape vers un test contraignant pour plus de sélection, comme cela a été le cas dans chaque faculté dans lesquelles des tests similaires ont été mis en place ces dernières années », dénoncent Anouk Vandevoorde, députée PTB, et Octave Daube, porte-parole de Comac (mouvement étudiant du PTB). « Ce test va d’abord pénaliser les étudiants de milieux populaires, comme le montre une étude de l’UHasselt. Les inégalités dans l’enseignement et la précarité sont les premières causes de l’échec, mais la ministre refuse d’y apporter une réponse ambitieuse. »

De plus en plus de jeunes s'inscrivent dans l'enseignement supérieur dans l'espoir de pouvoir bien démarrer leur vie active. Cela met sous pression un budget cadenassé par 30 ans d’enveloppe fermée décidée par les partis traditionnels. « Le problème n’est pas qu’il y a trop d’étudiants, mais qu’il y a de moins en moins de moyens. Si la ministre refinance partiellement avec 80 millions jusqu’en 2024, contre les 150 millions que demandent les recteurs universitaires à eux seuls, elle restreint aussi de plus en plus l’accès à notre enseignement. D’abord avec le décret Paysage, maintenant avec ce test d’entrée », explique Anouk Vandevoorde. « Aussi louable que soit la volonté de plus accompagner les étudiants, introduire ce test modifie la manière dont est perçu l’échec. Le curseur passe des inégalités de notre enseignement aux épaules de l’étudiant “inadapté”. C’est le monde à l’envers. »

« Ce test est aussi un cheval de Troie vers un test contraignant et obligatoire. Les tests d’orientation instaurés dans certaines facultés ces dernières années le sont tous devenus par la suite, comme en médecine ou en vétérinaire. Ces tests laissent des milliers d’étudiants sur le carreau, même dans des filières médicales pourtant en pénurie. Plus de huit sur dix ne pourront pas commencer ces études, quelle absurdité ! », insiste Octave Daube.

« Un tel test, même symbolique, aura un impact direct sur les étudiants issus de milieux populaires. Une étude de l’UHasselt montre en effet qu’une partie des étudiants qui réussissent leurs études auraient échoué au test d’entrée, en particulier ceux venant d’un milieu moins favorisé, qui auraient à la suite du test été découragés de faire ce type d’études1. Les enfants issus de familles aisées peuvent d’ailleurs plus facilement ignorer un résultat négatif à un test d’orientation. Ceux de familles défavorisées ayant le même résultat sont plus fortement dissuadés et s’orientent ailleurs2 », rappelle la députée PTB.

Pour le PTB et Comac, la solution aux défis de notre société est de renforcer l’accès à l’enseignement supérieur, pas de le restreindre. « Multiplier les examens d’entrée n’a aucun sens et est antidémocratique. Nous avons besoin de médecins, d’enseignants, d’informaticiens et d’autres travailleurs qualifiés pour construire la société de demain. La ministre et la majorité PS-MR-Ecolo doivent renoncer à ce test et refinancer l’enseignement pour assurer un meilleur encadrement des étudiants », concluent Anouk Vandevoorde et Octave Daube.

2Le Soir, 5 septembre 2017 : « Pourquoi notre enseignement est-il le plus inégalitaire d’Europe ? » et APED, 13 août 2019 : « Comprendre l’école inégalitaire et la réformer »

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