Il est temps d'exclure Israël des accords de recherche européens

Malgré le génocide actuellement perpétré sur la population palestinienne, la colonisation de son territoire et les nouvelles attaques sur le Liban et le Yémen, Israël reste un partenaire privilégié de l’UE. Les institutions et universités israéliennes, actrices concrètes du projet sioniste, n’ont pas leur place dans les accords de recherche Horizon. 

Alors qu’Israël poursuit le génocide des populations palestiniennes à Gaza, et multiplie désormais ses attaques au Liban et au Yémen, nos institutions européennes semblent décidées à poursuivre leurs relations comme si de rien était avec l’Etat d’Israël déclaré coupable d’annexion, d’apartheid et d’occupation illégale des territoires palestiniens par la Cour Internationale de Justice. Ces relations se font à différents niveaux, majoritairement économiques et commerciaux mais il existe également des accords d’ordre académique, touchant à la recherche dont des entreprises et des universités israéliennes font partie. Ces accords s’appellent les accords “Horizon”. Le plus récent, Horizon Europe, s'étend de 2021 à 2027.

Les institutions israéliennes: moteurs du génocide et de la colonisation

Les universités israéliennes sont loin d’être totalement étrangères des violences sans précédent commises à l’égard du peuple palestinien. Au contraire, elles sont profondément impliquées dans la politique génocidaire et coloniale d’Israël en participant activement à la réflexion à propos de la nature et de l’identité israélienne et aux moyens de mise en place de ces politiques. L’emplacement même de ces universités, construites sur des colonies illégales comme l’université d’Ariel en Cisjordanie pose problème. Des projets de recherche universitaires se conçoivent directement avec des industriels de l’armement. Les instituts Weizmann et Technion conçoivent des armes et des drones en collaboration avec Elbit Systems et Rafael. Elbit System est la plus grande industrie israélienne d’armement, et travaille directement avec le ministère israélien de la défense. 

Mais si l’implication des projets de recherche visant au développement de l’armement et de la “sécurité” est évidente, d’autres secteurs y sont aussi mêlés. L’instrumentalisation de sites archéologiques palestiniens liés à l’histoire hébraïque au profit de l’installation de colonies israéliennes aux alentours est une politique courante, tout comme le développement d’arguments juridiques pour légitimer le génocide et l’apartheid, ou encore l’attribution de bourses spéciales aux soldats qui iront combattre pour “l’Armée de Défense Israélienne”. 

Grâce au mouvement de solidarité partout dans le monde, plusieurs universités aussi en Belgique ont déjà coupé des liens, mais il reste encore beaucoup à faire. Des recteur.rices se défendent de rompre toute relation en raison de l’approche critique qu'auraient certains universitaires israéliens au sujet des politiques de leur État. L’historien Ilan Pappé dit là-dessus (1) : “les universitaires en Israël sont étroitement associés, presque intégralement, avec l’armée israélienne, le système politique et l’industrie. Au lieu d’être une instance critique face à ces piliers de la société, l’université en fait partie, et elle est directement coupable du maintien de l’occupation, tout particulièrement en fournissant des explications morales et savantes « autorisées » pour l’oppression dans les territoires occupés.” Tant que nous ne reconnaissons pas l’implication concrète et essentielle de ces instituts et universités, Israël continue sa politique en toute impunité. Et cela passe également par les accords européens auxquels participe Israël. 

L’Europe complice du génocide, aussi par les universités. 

La majorité des collaborations entre nos universités et les universités israéliennes se font par le biais d’accords européens, comme les accords Horizon Europe. Horizon Europe, c’est 95,5 milliards d’euro investis dans la recherche et le développement scientifique entre des pays de l’Union Européenne. Quelques partenaires privilégiés se sont vu offrir l’avantage de pouvoir intégrer ces accords sans faire partie de l’Union européenne : c’est le cas d’Israël depuis 1996, même après avoir été condamné plusieurs fois déjà pour colonisation, crime de guerre et occupation illégale, par les Nations Unies. Accéder aux accords Horizon Europe, ça veut surtout dire accéder à un fonds budgétaire européen conséquent. Dans le cadre des accords Horizon 2020 (2), Israël a reçu plus d’un milliard d’euros; pour les accords Horizon Europe qui s’étendent jusqu’à 2027, Israël a déjà reçu plus de 500 millions d’euros.

Les collaborations internationales sont un pilier clé pour le financement des institutions israéliennes. Comme le dit Ilan Pappé: “Ce système universitaire est d’ailleurs presque totalement dépendant des universités occidentales pour sa survie financière et quant aux contenus de  l’enseignement. Les subsides et la reconnaissance par leurs pairs, qui dépendent largement des universités occidentales, sont les instruments mis en place par une collaboration déjà ancienne entre les campus locaux et les institutions universitaires.” (3)

Mais les collaborations académiques ne sont pas les seuls partenariats d’Israël avec l’Europe. Depuis 2000, il existe un accord d’association européen qui fait d’Israël un partenaire commercial privilégié. Que ce soit en matière de médicaments, de produits de haute technologie ou encore d’armes : le but est de supprimer un maximum de barrières commerciales afin de rendre ces échanges au plus attractifs. Cette forme de soutien au rayonnement d’Israël en tant que puissance politique et économique s’accompagne également des soutiens matériels directs tels que les envois d’armes des Etats-Unis, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Italie. Le transit possible d’armes via le port d’Anvers (4) ou l’aéroport de Liège (5) y participe également. 

La participation à Horizon Europe ne se fait pas sans conditions. De fait, les articles 16.1 et 19.1 (6) stipulent que les pays tiers et les programmes d’Horizon Europe doivent respecter les droits de l’Homme. Dans l’accord d’association européen avec Israël, il est également précisé que cette condition doit être appliquée sous peine de suspension (article 2 et 79). Néanmoins, malgré avoir enfreint ces réglementations, et malgré les nombreuses condamnations de l’ONU et de la CIJ, Israël est toujours le bienvenu dans ces accords européens. L’Espagne et l’Irlande ont remis en cause l’accord d’association entre l’UE et Israël mais la Commission s’en tient strictement à indiquer une “évaluation en cours”. 

Exclus Israël des accords Horizon, signe la pétition !

Israël a besoin de ses universités : pour concevoir ses armes, former ses soldats et appliquer sa politique raciste d'apartheid. Mais aussi pour soutenir l'économie d'Israël, qui repose à près de 78,7 % sur des services fournis par des personnes hautement qualifiées. Israël exporte principalement des biens de haute technologie, notamment ses armes, mais aussi beaucoup d'autres produits. C'est pourquoi les universités sont indispensables. Pas étonnant que la tension monte pour Israël. Par exemple,la ministre des Sciences Gila Gamliel (7) qui a déjà annoncé chercher des solutions pour relancer les collaborations académiques, ou encore l’institut Weizmann qui aurait perdu près de 60% de ses étudiants internationaux. (8)

La Cour internationale de justice (CIJ) est pourtant claire. En janvier, elle a déclaré qu'il y avait un risque de génocide commis par Israël. En juillet, elle a affirmé que toutes les colonies illégales israéliennes devaient cesser et qu'Israël devait y être contraint, y compris par des sanctions. Il est temps de mettre un terme à ces partenariats qui se font aux profits du projet de colonisation et de génocide d’Israël. Ekatarina Zaharieva, la nouvelle Commissaire européenne à la recherche et au développement et membre du Parti Populaire Européen (EPP), doit prendre position.

Les recteurs et les rectrices des universités belges ont également un rôle à jouer en exigeant qu’Israël soit exclu de ces accords. Nos universités sont des institutions publiques, car elles sont financées par nos impôts. Il est donc de leur devoir légal de boycotter Israël et de respecter les ordonnances de la CIJ. C'est du moins ce que disent des chercheurs de l'Université d'Anvers (9) pour justifier leur rupture des liens avec Israël. Les universités belges sont de fait coordinatrices de nombreux projets de recherche profitant des accords Horizon. Si un de ces projets est développé en collaboration avec un partenaire israëlien, nos universités doivent exiger son retrait. 

Pour mettre pression, les universités belges doivent être claires: si Israël n’est pas exclu des accords Horizon, les universités belges partent des partenariats concrets avec Israël.

Nous demandons : 

> Que la Commission européenne décide de l’exclusion de l’Etat d’Israël dans les accords Horizon. 

> Que nos recteur.ices belges exigent cette exclusion ou se retirent eux-mêmes des projets avec Israël.

Signe notre pétition

 

 

(1) Londres, Conférence internationale sur la Palestine,  SOAS, 5 décembre 2004

(2) https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-scientifique-et-universitaire/veille-scientifique-et-technologique/israel/article/israel-rejoint-le-programme-de-recherche-et-d-innovation-horizon-europe#:~:text=Dans%20le%20cadre%20du%20pr%C3%A9c%C3%A9dent,allou%C3%A9%20%C3%A0%20des%20projets%20isra%C3%A9liens.

(3) Londres, Conférence internationale sur la Palestine,  SOAS, 5 décembre 2004

(4) https://www.association-belgo-palestinienne.be/action-en-justice-contre-une-compagnie-maritime-israelienne-pour-commerce-illegal-darmes-via-le-port-danvers/

(5) https://www.bdsfrance.org/des-activistes-pour-la-paix-bloquent-les-exportations-illegales-arrivant-a-laeroport-de-liege-biers/

(6) https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:32021R0695

(7) https://x.com/GilaGamliel/status/1788593584553205800

(8) https://www.haaretz.com/israel-news/2024-07-27/ty-article-magazine/.premium/strategic-blow-leading-israeli-academic-institutions-see-sharp-fall-in-foreign-students/00000190-e55e-d59e-a1f5-ffdea7d70000 

(9) https://www.uantwerpen.be/en/research-groups/law-and-development/news-and-events/legal-brief/ 

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