Garantir la finançabilité après encore un an de cours en ligne est une question de justice sociale

La majorité MR-PS-Ecolo a rejeté la proposition du PTB et de Comac de garantir la finançabilité pour l'an prochain, comme ça avait été gagné par le mouvement étudiant l'année dernière et comme les étudiant·e·s flamand·e·s l'ont aussi gagné en début d'année. Toutes les enquêtes réalisées auprès des étudiant·e·s ces derniers mois montrent pourtant que le décrochage touche des milliers d'entre nous, en particulier les plus précaires. Il faut des perspectives pour ces étudiant·e·s. Après une année marathon de cours en ligne, va-t-on acter et accepter l’aggravation des inégalités dans notre enseignement déjà très inégalitaire ou au contraire la combattre avec une mesure spécifique qui permettra d’éviter à des étudiant·e·s de devoir arrêter à terme leurs études ?

Depuis bientôt un an, la crise sanitaire a créé des conditions de vie et d’étude particulièrement difficiles. Pour toute une série de familles et d’étudiant·e·s, le covid19 a eu des impacts humains, financiers et psychologiques importants. Pendant la grande partie de cette dernière année, les étudiant·e·s ont suivi les cours en ligne. Cela a évidemment eu des conséquences et a contribué à renforcer les inégalités dans notre enseignement supérieur. En effet, on sait qu’un·e étudiant·e sur quatre n’a pas d’endroit adéquat pour étudier à domicile, le matériel ou une connexion internet suffisants. 80.000 étudiant·e·s sont en difficulté financière, càd un étudiant sur trois. Huit étudiant·e·s sur dix se sentent fragilisés psychologiquement et six sur dix se disaient il y a quelque mois en décrochage partiel ou complet. Les problèmes de santé mentale se sont grandement aggravés aussi avec l’isolement, l’arrêt de la vie sociale pendant des mois ou encore la perte du rythme scolaire. Les jeunes connaissent une aggravation des symptômes d’anxiété, de stress, de dépression ou pire encore des pensées ou des actes suicidaires.

En plus des problèmes financiers et psychologiques et malgré la créativité et l’investissement des enseignant·e·s, la qualité de nombreux cours a été impactée. De nombreux enseignant·e·s et étudiant·e·s ont critiqué le fait que la qualité des enseignements n’a pas pu être assurée avec les cours en ligne. Début décembre, plus de 300 acteurs du monde de l'enseignement s'insurgeaient : “Non, l’enseignement à distance n’est pas satisfaisant !”, expliquant qu’il ne s’agit que d’une approche palliative qui ne remplace pas les cours en présentiel.

Dans les faits, cette dernière année a ressemblé à un long marathon de réunions sur Teams. L’isolement social, les cours en ligne, les difficultés financières sont autant de facteurs qui engendrent du stress et des problèmes de santé mentale. Toutes les enquêtes réalisées auprès des étudiant·e·s ces derniers mois montrent que le décrochage touche des milliers d'étudiant·e·s. Des problèmes invisibles mais aux conséquences dévastatrices. Toutes ces conséquences néfastes de la crise ont un impact sur la réussite des étudiant·e·s, en particulier pour les plus précaires. La ministre de l’enseignement supérieur a reconnu au sortir de la précédente session d’examens que beaucoup d’étudiant·e·s n’avaient pas présenté une partie ou la totalité de leurs examens, ce qui aura des conséquences pour tout le reste de leur année académique

Les partis de la majorité répondent que la réussite aurait augmenté. Mais c’est contourner le problème. Le confinement, la perte de contacts sociaux, les stress liés aux cours en ligne : tout cela a un coût pour la santé mentale des étudiant·e·s. La réussite a augmenté, mais à quel prix ? et quid de ceux et celles qui n’ont pas pu rester à flot et s’adapter ? Les étudiant·e·s qui s’inquiétaient plus de comment finir le mois ou réussir à manger à leur faim, les étudiant·e·s qui n’avaient pas d’endroit adéquat ou le matériel pour étudier et suivre les cours, ceux pour qui l’isolement et la perte de rythme scolaire ont rimé avec décrochage, et tant d’autres situations difficiles. Tous ces étudiants et étudiantes ont besoin de considération et de perspectives, et l’absence de celles-ci a un impact sur leur moral et leur santé mentale.

Comme pour l’année académique 2020-2021 où la mobilisation étudiante avait gagné la garantie de la finançabilité, il faut donner une perspective à tous ces étudiant·e·s en difficultés, en renouvelant cette mesure. C'est ce qu'a proposé le PTB ce mardi 15 juin. Chaque groupe politique au Parlement a dit vouloir éviter que les étudiant·e·s soient pénalisés par la crise. Leur droit à se réinscrire l’année académique prochaine, et les futures, doit leur être assuré. Face à la situation similaire vécue par les étudiant·e·s en Flandre et grâce à la mobilisation étudiante, le ministre de l’enseignement supérieur a déjà pris une mesure en ce sens ce 31 janvier 2021.

Personne ne doit se voir refuser l’accès à l’enseignement à cause de la pandémie, ce serait une sélection sociale de plus et une immense injustice. La garantie de la finançabilité est à la fois une mesure juste, nécessaire pour des milliers d’étudiant·e·s et accessible financièrement : l’année dernière cela a représenté un investissement pour l’avenir des étudiant·e·s de 10 millions €. On ne peut pas pénaliser les étudiant·e·s une fois de plus. Va-t-on acter et accepter l’aggravation des inégalités dans notre enseignement (déjà très inégalitaire, dixit l’OCDE) ou au contraire la combattre avec une mesure spécifique qui permettra d’éviter à des étudiant·e·s de devoir arrêter à terme leurs études ?


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  • Comac
    a publié cette page dans Actualités 2021-06-15 12:07:58 +0200

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